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Santé : l'action des lobbies

Santé et lobbies


La science au service des lobbies met en danger nos vies


A l’heure actuelle, les scientifiques ont un énorme pouvoir : celui d’agir au niveau mondial, sur la santé des humains et sur l’environnement.

Nanotechnologies, OGM..., quantité de techniques récentes, modifient nos aliments, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les aliments que nous ingérons, les produits que nous utilisons.

Cela va très vite. En dix ans, on est passés du brevet sur une bactérie, au brevet sur le végétal, puis sur l’huître, puis sur les mammifères, et aujourd’hui on peut breveter n’importe quelle matière biologique, n’importe quel gène, du moment qu’on l’isole et qu’on le rend utilisable pour la technique.

L’innocuité des produits issus de ces nouvelles technologies est censée être prouvée avant lancement. On imagine que ces évaluations sont effectuées par un service public vigilant ; ou par des chercheurs indépendants, au-dessus de tout soupçon, agissant pour le bien commun, exerçant leur droit de controverse, soumettant leurs données et leurs résultats aux contre-examens de leurs pairs...

Dans la majeure partie des cas, il n’en est rien.

 

Le saviez-vous ?

Un Principe de Précaution, "avant toute chose, ne pas nuire" avait été ajouté à la Constitution française, pour garantir notre société de toute dérive techno-scientiste, dangereuse pour la santé, l’environnement, l’économie...

Beaucoup ignorent qu’à ce jour, ce "Principe de Précaution", qui pourrait être un outil magnifique, n’est toujours pas transcrit dans les textes de loi et les décrets qui régissent la sécurité du consommateur. Et que les dépositaires de brevets sont exemptés de responsabilité, au nom des "risques de développement".

Ce sont les firmes qui exploitent et commercialisent les brevets, qui sont "responsables". Mais souvent, ces firmes sont des multinationales puissantes, tout à fait capables, si c’est rentable, de faire durer indéfiniment un procès, pour maintenir la vente d’un produit dangereux pour notre santé. Cela a duré 70 ans pour l’amiante. De plus, ce sont elles qui choisissent et financent les "évaluateurs" de leurs produits. Ce processus est criminel : car ces "évaluations" sont les seuls éléments servant à l’EFSA (Agence Européenne de Sécurité alimentaire) pour autoriser des produits destinés aux consommateurs européens. En outre, ces firmes financent plus de 95 % de la recherche.

Lorsque, indignés, des chercheurs honnêtes, émettaient des doutes, exerçaient leur droit de controverse, refaisaient les analyses fournies par ces firmes et s’inquiétaient de certains procédés, ils devenaient la cible de campagnes de dénigrement très violentes de la part des lobbies.

Les lobbies, ces groupes de pression, payés par les firmes, sont devenus beaucoup plus puissants que les Etats. Ils manipulent les politiques, le grand public et utilisent des chercheurs à leur solde, dans le but de discréditer les acteurs de la  transparence scientifique.

Il y a quelques années, c’était le chercheur Christian Velot qui se trouvait attaqué, le lanceur d’alerte Jacques Poirier qui était licencié... En 2010, c’est le professeur Gilles-Eric Seralini, spécialiste de l’action des pesticides et des OGM sur la santé, qui a dû défendre son droit d’expression, contre une "Association française des biotechnologies végétales" créée pour l'occasion, parrainée par Claude Allègre, Axel Kahn et présidée par Marc Fellous. Ces derniers multipliaient les attaques contre leur collègue trop vigilant, qui remettait en cause l’évaluation de maïs OGM résistant au glyphosate que la firme Monsanto, destinait à l’alimentation humaine et animale en Europe.

Jusqu’à présent, en France, les «lanceurs d’alerte» ne bénéficiaient pas de la protection légale qui existait dans d’autres pays : pour que soit respecté le droit à la controverse scientifique, le professeur Seralini avait dû avoir recours aux tribunaux. Il a d’ailleurs gagné ce procès. L’enjeu était important : il s'agissait du droit d’expression des chercheurs. Comme le fait remarquer l’association Sciences Citoyennes, qui agit pour une recherche désintéressée garantissant la sécurité sanitaire et environnementale, "si certaines voies de recherche sont systématiquement écartées, si on ne peut explorer sereinement toutes les possibilités, comment prendre les bonnes décisions pour la nation ?"

L’analyse du journaliste Roger Lenglet est pertinente : d’après lui, manipulant déjà bon nombre d’instances politiques, les lobbies s’emploient maintenant à instrumentaliser l’expertise, le but étant d’avoir le champ totalement libre pour faire accepter "leurs" normes. C'est ainsi que les autorités qui passent en revue la littérature scientifique pour donner des autorisations de mise sur le marché des produits n'acceptent comme valables que les études dont le protocole a été mis au point par la firme BASF, protocole demandant un nombre conséquent de cobayes, ce qui exclut presqu'automatiquement les études universitaires.

La recherche devrait prendre en compte l’intérêt général et non l’intérêt économique de quelques uns. Mais pour l’instant, presque tous les leviers de commande sont aux mains du marché. Le seul tribunal international puissant est celui de l’OMC (l’Organisation Mondiale du Commerce).

La probité de la recherche est la condition de notre survie. Afin de garantir leur santé, les citoyens vont-ils devoir financer, eux-mêmes, des laboratoires d’expertise indépendants, afin de contrôler systématiquement les "expertises" des multinationales ?

Une bonne nouvelle : le 3 avril 2013, le sénat français a adopté une loi de protection des lanceurs d’alerte. A présent, toute personne a le droit de rendre publique une information en cas de risque grave sur la santé et l’environnement, même au sein de l’entreprise, sans avoir à subir des représailles.

Deuxième point intéressant (malheureusement jamais utilisé par les Etats frileux qui préfèrent attendre que l'Europe décide): l'article 6 du TFUE permet aux Etats de prendre unilatéralement toute décision concernant la protection de la Santé Humaine. On devrait rapidement se servir de cette possibilité pour faire avancer les choses au niveau européen, car les autres pays s'aligneront sur nos normes sanitaires exigentes pour conserver le débouché du marché français.

En savoir plus ? Sites des associations Sciences Citoyennes, Adéquations, “ANTICOR"