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Effets des pesticides sur les humains et les abeilles

Effets des pesticides sur les humains

 

La France est le premier consommateur de pesticides d'Europe. Alors qu'en 2008, un plan «Ecophyto 2018 pour l’agriculture», issu du Grenelle, prévoyait une réduction de 50 % des pesticides en 10 ans, les doses ont augmenté... de 15 à 20 %. Tous les efforts et l'argent dépensé par l'Etat pour "convaincre" les agriculteurs, n'a servi à rien. Même la protection des captages d'eau potable n'a pu être obtenue. Les 56 % de captages, tellement pollués aux nitrates et aux pesticides, qu'ils avaient été jugés "prioritaires" par le Grenelle de l'Environnement, n'ont pas pu être améliorés.

Plus d’une centaine de molécules différentes sont utilisées sur le blé ou l’orge. Le plus traité étant le colza. Le fongicide SDHI, utilisé sur l'orge et le blé, pénètre "au coeur des cellules" des champignons-cible qu'il asphyxie, mais a malheureusement la même action sur les cellules humaines, qu'il asphyxie et rend cancéreuses (études INRA, INSERM, CNRS). Mais on continue à l'utiliser.

Les prélèvements et analyses sur les Français révèlent que ces derniers sont beaucoup plus contaminés que les Allemands. Selon l'Institut de Veille Sanitaire, les taux de pesticides retrouvés dans le corps des français sont proches de ceux relevés aux Etats Unis. 90 % des Français sont contaminés aux organophosphorés, 80 % par les pyréthrinoïdes, le SDHI est le plus retrouvé dans les analyses de poussières des habitations, et les leucémies et cancers sont toujours en hausse (il y a plus de 1000 nouveaux cas de cancers par jour en France). Il faut réduire au plus vite l'imprégnation générale de la population.

Au niveau des épandages, une réglementation existe : on ne peut pas traiter si le vent souffle à plus de 19 km/h (3 sur l’échelle de Beaufort). Le droit civil exige aussi qu’il n’y ait aucun résidu de pesticides chez les habitants. Vous pouvez faire faire des analyses de poussières à votre domicile, pour prouver l'imprégnation de l'air que vous respirez. On trouve des kits de prélèvements de poussières et d'analyse sur internet. Gardez précieusement ces résultats en cas de problèmes de santé.

Il faut savoir que l’on observe de nombreux problèmes ORL au moment des pics de traitement, au printemps et en automne, mais aussi des effets chroniques (ces produits, souvent liposolubles, peuvent être stockés dans le cerveau ou dans certains tissus et être relargués, n’importe quand, dans l’organisme, à l’occasion d’un stress ou d’une infection bactérienne) : mémoire altérée, troubles de la concentration, troubles de l’humeur, anxiété, obésité, diabète, puberté précoce des filles, micro-pénis chez les garçons...

En effet, une conséquence fréquente de l’exposition aux pesticides est l’effet xéno-œstrogène qui "mime" les hormones œstrogènes. Une activité œstrogènique 5 fois supérieure à la normale a pu être observée. Des doses «en-dessous des effets de seuil» peuvent être actives à cause des "effets cocktail" (lors des pics d'épandage, plusieurs pesticides peuvent être utilisés simultanément sur différentes exploitations, ou stockés dans des poussières, et inhalées bien après l’épandage...).

Pourtant, il est tout à fait possible de se passer de chimie en agriculture. Il suffit de développer une agronomie écologique, dont les principes sont bien établis. Toute commune devrait avoir à cœur d’aider ses agriculteurs, pour qu’ils pratiquent la "gestion-santé" des terres situées "au vent"  du village, afin d’éviter aux habitants de respirer sans relâche, des cocktails de pesticides cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques... En savoir plus sur tout ce qu'un maire peut faire pour protéger les habitants de sa commune, sur le site RAGSTER.org (lien dans la colonne de droite : sites en relation).

 

Effets des pesticides sur les abeilles

En Chine, dans certaines provinces, les pesticides ont tué tous les insectes pollinisateurs. Pour assurer la récolte des fruits, des hommes et des femmes passent leur journée juchés sur des échelles, pour polliniser une à une les fleurs d’arbres fruitiers au pinceau.

Dès 1996, la FAO (Nations Unies) tentait d’attirer l’attention de tous les gouvernements de la planète, devant le déclin rapide des populations d’abeilles domestiques et sauvages. En effet, les avantages économiques de la pollinisation par les insectes sont énormes, évalués à 117 milliards de dollars par an et bon nombre de nos plantes vivrières en dépendent.

Mais seule la rentabilité à court terme compte pour les agro-chimistes, qui s’emploient à entraver ou contourner les mesures de prudence. Les batailles sont épuisantes pour les petites associations qui se battent contre les géants de la chimie et sont obligées de monter des dossiers pour chaque produit litigieux : par exemple, en France, depuis des années, nous avons vécu la saga de l’insecticide Cruiser, dont les associations d’apiculteurs avaient réussi à faire annuler, par le Conseil d’Etat, les autorisations de vente données en 2008 et 2009 car elles ne s’appuyaient sur aucune étude d’innocuité à long terme.

Le Cruiser est un néonicotinoïde, un neurotoxique très persistant. Il était interdit en Allemagne et en Italie depuis longtemps. C’est un "systémique"  présent dans la sève, le pollen, le nectar (toute la plante est toxique). Il faut savoir que c’est avec l’apparition des systémiques, dans les années 90, qu’on a constaté les premières disparitions massives d’abeilles. Le Cruiser est utilisé entre autre, pour enrober les grains de maïs (de plus en plus de variétés n’existent qu’en version traitée). Sa matière active est très soluble dans l’eau : un seul de ces grains rend une cuve de 5000 litres d’eau impropre à la consommation. Et les exsudats des plants de maïs traité aux néonicotinoïdes contiennent 1000 fois la dose fatale à une abeille.

Syngenta, la firme suisse qui commercialise le Cruiser,  vantait aux agriculteurs français une "protection" même en l’absence du parasite, dont l’invasion  imminente était soudain annoncée par de nombreuses revues agricoles : avec cet enrobage direct, plus besoin de surveiller son champ. Alors que le parasite n’est présent qu’à peu d’endroits et qu’on peut facilement empêcher sa venue par des mesures préventives simples et peu coûteuses, aération des sols, tourteaux de ricin, PH suffisant...

Sentant venir la décision du Conseil d’Etat, le puissant agro-chimiste avait utilisé un artifice pour prolonger la vente de son produit. Il l’avait rebaptisé Cruiser "350" en modifiant un ou deux additifs et le ministre B. Lemaire l’avait autorisé pour 2011, avec la même molécule active. Le Conseil d’Etat se prononcerait donc sur ce "nouveau produit"  plus tard, à l’occasion d’une nouvelle procédure... Et quand en 2012, le nouveau ministre de l’agriculture S. Le Foll a interdit les semences de colza utilisant un "Cruiser OSR", trois jours plus tard, l’agrochimiste Syngenta déclarait son intention de contester cette interdiction.

Il a fallu que l'Europe s'en mêle et interdise enfin, non pas produit par produit, mais par famille de produits, en l'occurence, trois néonicotinoïdes proches, pour faire avancer les choses. Malheureusement, ces produits dangereux peuvent toujours être vendus ailleurs dans le monde, en général dans des pays pauvres, et c'est une honte absolue.

 

Comment les effets des pesticides sur les abeilles sont-ils évalués ?


Il faut savoir qu’on étudie chaque produit indépendamment des autres "phytosanitaires" (qui sont utilisés à la même période ou qui persistent dans le sol). Les effets croisés (effets toxiques en synergie) ne sont jamais étudiés. Pourtant, durant sa vie, l’abeille sera exposée aux différents herbicides, fongicides, insecticides, choisis par les agriculteurs alentours. En effet, si l’abeille ne se déplace que dans un rayon de 3 Km autour de sa ruche, le vent apporte des poussières chargées en diverses matières actives. L’INRA a comptabilisé jusqu’à 31 % de différents pesticides dans un seul échantillon de pollen. D’ailleurs, l’homme connaît aussi les effets de ces poussières : à l’automne et au printemps, périodes d’épandages intensifs de pesticides, nombreux sont ceux qui souffrent de ce qu’on appelle pudiquement des "dépressions saisonnières".

En outre, dans les dossiers soumis à l’approbation de la Commission Européenne, seule la toxicité "aigüe" est mesurée sur l’abeille. On n’étudie pas les effets chroniques, dus à une absorption journalière de pollens contaminés. Pourtant, la toxicité chronique peut être extrême. Celle du Fipronil, substance active du Régent, (insecticide suspendu en 1999) était 473 fois plus forte que la toxicité aigüe. Les abeilles mettaient simplement une dizaine de jours à mourir.

Les effets  sub-létaux - n’entraînant pas la mort - comme, par exemple la désorientation (l’abeille ne retrouve plus la ruche car son système nerveux est endommagé) ne sont pas étudiés correctement : la plupart des essais sont réalisés en tunnels artificiels...

Par ailleurs, les pressions des lobbies sont si fortes que la Commission Européenne, qui avait interdit le Gaucho (7000 fois plus toxique que le DDT) en 1999, a autorisé l’Imidaclopride (sa matière active) sur les betteraves sucrières, les fruitiers... On en retrouve jusque dans les plantes sauvages. La notice de Bayer, qui le commercialise, vante ainsi l’action de son insecticide sur d’autres insectes sociaux : à  de faibles doses, l’Imidaclopride désoriente les insectes et interfère dans leur comportement social, ce qui contribue à leur mort...

Des tests sur les couvains d’abeilles sont bien effectués. Mais un produit est accepté... s’il ne fait mourir "que"  30 % des larves.

A cela s’ajoute un autre problème : les cultures intensives occupent de très grandes surfaces. Une fois la récolte passée, les pollinisateurs n’ont plus rien à manger, et meurent... de faim ! D’autant que le souci incessant de "propreté" des collectivités locales entraîne la fauche "à ras" des bas-côtés des routes, derniers endroits fleuris où ils pouvaient butiner. Alors qu’un seul mètre «non fauché» en été, le long de toutes les routes de France, équivaut à la surface actuelle de nos parcs naturels...

 

 

 

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